TRIBUNE

Lutte contre l’extrême-droite partout, décolonisation nulle part

Tribune pour la campagne “Décolonisons l’espace public” de Lush, le 8 juin 2022

Comme l’a écrit Virginie Despentes : “Soyez rassuré.e.s, les puissant.e.s, les boss.e.s, les chefs, les gros bonnets : ça fait (trop) mal.”

De quoi parlons-nous ? Nous sommes en partie celles et ceux qui sont, partout en Europe, mobilisés et dont les bulletins de vote sont utilisés afin de “faire barrage à l’extrême droite”.

Nous sommes celleux que l’on s’ingénie à séduire à la veille des scrutins, en leur agitant au visage le chiffon rouge de l’égalité des chances, preuve en est qu’au XXIème siècle encore la question se pose, mais en même temps, le sujet divise, en tout cas, cette notion typiquement libérale mise sur le devant de la scène pour en justifier l’existence.

Nous sommes celles et ceux que le poids des institutions écrase avec sa magnifique paire de souliers en cuir noir parfaitement cirée, mais aussi avec ses symboles, et par dessus tout, en criant au loup fasciste à gorge déployée, peut-être à raison d’ailleurs, mais nous reviendrons sur l’éventualité que certaines personnalités mythifiées puissent cocher quelques cases liées à certains travers sciemment sous entendus précédemment.

Nous sommes celles et ceux qui se voient affublé.e.s le qualificatifs de “minorité visible”, “diversité” et j’en passe et des meilleures, pourtant nous sommes des citoyen.ne.s européen.ne.s, français.e.s, belges, luxembourgeois.e.s entre autres qualités et valeurs que nous partageons toutes et tous. Pourtant on nous rend difficile la possibilité d’exposer en quoi l’histoire de nos ancêtres impacte notre histoire à toutes et à tous. 

Regarder le passé avec les yeux du présent est un exercice très délicat. Cependant, nos yeux seraient-ils inaptes à considérer quelques événements passés, du fait qu’ils se soient produits dans un contexte différent, ou la sociologie et les mentalités étaient différentes ? C’est penser que ce que les historiographes appellent le Grand Siècle, consacra cette idée, que les noir.e.s, notamment, devaient être pour leur bien, considérés comme des biens meubles. 

Déshumaniser des personnes, les réduire à l’état d’esclaves, de biens meubles dans un but d’épanouissement économique, doit-on continuer à l’honorer au XXIème siècle ? Se battre contre l’extrême droite, et en ce sens, contre toutes formes de discriminations n’inclut-il pas de remettre en question quelques symboles de la quintessence du racisme européen ? Cette infamie, fût-elle lointaine, ne devrait-elle pas, progressivement, commencer à vous indigner assez ?

Si nos vies et nos avis comptent, prouvez-le ! Sinon, expliquez-nous les véritables raisons de votre frilosité quand il s’agit de remettre en question l’image d’un Colbert, d’un Leopold II ou d’un Nicola Cito.

Mémoires & Partages (France), Change Asbl (Belgique) et Lëtz Rise Up (Luxembourg)

Cette tribune a été écrite par mémoires & partages, change asbl et lëtz rise up dans le cadre de la campagne “décolonisons l’espace public”.

Nous ne modifions jamais les textes qui nous sont fournis par mes associations auxquelles nous donnons la parole, pour leur laisser une entière indépendance et ne pas dénaturer leur message.

pour en savoir plus

Décolonisons l’espace public

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