Comment on s’aime ? Parler des violences au sein du couple
Du 10 au 16 février 2020, dans le cadre de la campagne en ligne Comment on s’aime ?, Lush donne la parole à l’association En avant toute(s) pour parler des représentations de l’amour à l’occasion de la Saint-Valentin.
Les jeunes sont surreprésenté·e·s parmi les victimes de violences au sein du couple : 1 jeune femme sur 7 en est victime, contre 1 sur 10 pour les plus de 25 ans par exemple.
Y répondre demande de faire face à des problématiques spécifiques. Jeunes nous-mêmes, conscientes de ces enjeux, nous avons décidé de trouver des pistes pour aider les jeunes à y faire face.
Quand nous avons lancé le projet, avec Ynaée Benaben et Céleste Danos, le constat des associations que nous avons rencontrées était sans appel : les jeunes ne se saisissent que très peu des dispositifs d’aide existants. Associations, permanences, numéros d’écoute… Rien ne semble réussir à “capter” ce public, qui reste isolé face à un phénomène pourtant très grave et encore sous-estimé.
Pour quelles raisons les jeunes ne se saisissent pas de ces solutions ? Comment perçoivent-ils et elles les violences ? Pourquoi la moyenne d’âge des appelant·e·s du numéro national “Violences Femmes Infos” est-elle de 39 ans ?
En juillet 2015, dans un appartement parisien rendu suffocant par la canicule, Ynaée Benaben, Céleste Danos et moi, nous avons réfléchi à ces questions. Nous avions alors autour de 25 ans nous-mêmes ; et il nous a semblé évident que la question d’un problème de couple embarrassant n’avait une seule solution viable : la recherche Google. Dans l’anonymat d’Internet.
Nous avons donc vérifié si d’autres jeunes avaient eu la même idée que nous, et nous avons allumé nos téléphones et nos ordinateurs, pour y bombarder les moteurs de recherches de tristes requêtes : “L’amour fait mal”, “Ses pratiques sexuelles me gênent”, “Étouffer dans mon couple”…
Notre intuition s’est confirmée : les jeunes parlent effectivement des violences qu’elles et ils subissent. Partout et tout le temps. Mais sur Internet. Si la solidarité est souvent grande, les réponses à ces messages n’est pas faite par des professionnel·le·s. Et elle peut être, comme toutes les réponses, parfois pertinente, parfois maladroite, et parfois malveillante. Cela nous a en tout cas prouvé quelque chose : il manquait un espace pour confier ces violences.
C’est ainsi que nous avons mis en place le premier tchat en France pour écouter les jeunes victimes de violences au sein du couple. Nous avons soigneusement travaillé l’ouverture du dispositif, en gardant en tête les codes de la communication instantanée, dont nous avions l’habitude, tout en construisant une expertise professionnelle autour de ce nouvel outil.
Et ça marche : en 2019, nous avons réalisé 331 tchats, avec des personnes de la France entière, voire de l’international. Ces personnes sont, en très grande majorité, des jeunes femmes et personnes LGBTQIA+ qui souhaitent avoir des réponses sur les violences qu’elles vivent dans leur relation. En plus de ce tchat, nous avons imaginé un site internet qui aborde ces questions de manière bienveillante et ludique. L’idée : trouver toutes les réponses sur l’amour, le couple, le corps, la sexualité… Et si besoin, le tchat est là pour en parler. Pour que chacun·e ait l’espace de se demander : “Comment on s’aime ?”
Pourquoi cette campagne au moment de la Saint-Valentin ?
Les représentations que nous avons autour du couple et de la sexualité poussent parfois à perpétuer ou à accepter des comportements violents. Ce n’est pas parce qu’on est en couple qu’on a toujours les mêmes envies, ou au même moment. Le travail d’En avant toute(s) est d’aider les jeunes à faire le tri entre ces informations et à développer leur esprit critique, pour réduire le phénomène des violences. Pour rappel, c’est 1 jeune femme de moins de vingt-cinq ans sur 7 en est victime.
La Saint-Valentin est une fête pour beaucoup, mais elle peut aussi être un moment d’injonctions très fortes autour du couple et de la sexualité, moment où les violences sont amplifiées. Les violences conjugales fonctionnent parce qu’un mécanisme d’emprise est mise en place : l’auteur·rice des violences a fait en sorte que sa·son partenaire ne soit plus en condition de dire “non”. Ce “non”, il est d’autant plus difficile à formuler quand l’autre a fait des cadeaux, dépensé de l’argent, investi du temps, et que la pression sociale à passer une soirée “romantique” est forte. C’est pour cette raison qu’il est important d’être armé·e et sûr·e de soi ce jour-là !
Pour tester sa relation, www.commentonsaime.fr
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